Chute(s), avec le triptyque multimedia de Paolo Pachini, est entièrement fondée sur cette volonté d’incurver un espace dans le sens de la verticalité, et d’en exprimer les débordements à venir. L’installation se présente en trois « cabanes » de mêmes volumes, en trois mêmes temporalités de vingt minutes avec des dispositifs de projection d’images et de sons identiques. Seules les couleurs extérieures les distinguent, induisant la pénétration dans des univers contrastés. Chute(s), présentée au Taipei Fine arts Museum, en première mondiale est la version «installation » d’un spectacle multimedia inversant les topologies visuelles et acoustiques habituelles : deux grands écrans verticaux de
7 mètres de haut faisant face au public, les musiciens étant répartis sur chacun des côtés. L’installation réajuste les proportions initiales de la performance, en la fragmentant sous forme de triptyque, où le public est placé à proximité de l’image projetée sur deux écrans dans le sens de la hauteur.
Cette extension verticale du champ visuel et acoustique amplifie les effets de déstabilisation par rapport à une perception de mouvements généralement longitudinaux. Le vidéaste Paolo Pachini s’est associé aux compositeurs Michael Jarrell, Raphael Cendo et Martin Matalon. Ils nous convient à une poétique du vertige, se déployant en trois récits et visions de l’abîme : Chute(s) comme ingestion pour Charge de Raphael Cendo, Chute(s) comme dissipation pour Tunneling de Martin Matalon, Chute(s) comme destin entropique pour Staub de Michael Jarrell. Les images de Paolo Pachini offrent, pour ainsi dire, la possibilité d’« explorer » l’abîme et de poursuivre ce qui s’en échapperait : la reprise, la combinaison des rythmes et thèmes visuels donnant l’idée d’une forme générale en désagrégation progressive.