LA CHUTE DE L’ANGE
La chute de l‘ange, installation plastique et sonore
Pierre Alain Jaffrennou, Concept et environnement sonore
Christophe Lebreton, Conception dispositif
Grame, Réalisation musicale
L’installation prend comme argument la continuité de l’écoulement du temps et son opposé, – “l’instant fatal” – comme rupture déclenchée par une singularité événementielle.
Ainsi le temps est perçu sous sa double identité de phénomène continu et discret. De cette opposition résulte la notion d’attente, attente de “ l’instant fatal ”, incertain, prenant place au sein d’un climat méditatif et venant le perturber.
L’instant fatal est ici celui de la chute, réminiscence qui emplit nos rêves et nos songes et donne vie aux mythes dont celui de la chute de l’ange – celui qui a perdu l’usage de ses ailes – est une incarnation.
« Les ailes nous manquent, mais nous avons toujours assez de force pour tomber » rapporte Claudel dans ses Positions et Propositions.
L’installation est plongée dans le noir. Sur une stèle parallélépipédique de métal rouillé, aux formes pures, repose une grande vasque de verre emplie d’un liquide rouge vif. Du haut de l’espace un fin rayon laser rectiligne de lumière pure plonge au centre de la vasque. Par instant, une goutte – sorte de rubis étincelant – opère une descente vertigineuse dans le faisceau même de la lumière. L’ensemble est seulement éclairé par la diffusion de la lumière du faisceau au sein du liquide. Quelques vapeurs légères semblent s’élever de la vasque et scintillent à la rencontre du faisceau.
Par l’intermédiaire d’un système de diffusion multipoint, des événements sonores rares évoquant le bruit des ailes, l’écho de chutes de gouttes d’eau, d’écoulements, traversent l’espace. Par moment, des séquences plus musicales, sombres ou lumineuses, perturbées de souffles, s’inscrivent dans le silence ainsi révélé. Enfin, à des instants imprévisibles, une chute de goutte déclenche un événement sonore singulier, de forte prégnance, duquel s’échappe parfois des bribes de textes empruntés aux poètes. Cet événement sonore déclenche à son tour une lente montée en lumière de la vasque, dont le rayonnement envahit progressivement l’espace, pour ensuite revenir à son point de départ. Au cours de cette trajectoire de lumière, le liquide passant d’un rouge sombre à un rouge éclatant, apparaît comme une sorte de cœur, ou de poumon reprenant vie à chacun des instants fatals.
Le spectateur peut demeurer de longues minutes en contemplation, en écoute, dans l’attente d’un autre instant fatal.
Création le 11 juillet 2003 à l’Abbaye du Mont Saint-Michel.
Production : Grame, centre national de création musicale à Lyon